Qu’est-ce que le diamant, au juste ?
Le diamant, c’est du carbone pur (C) organisé en réseau cubique (sp³). Pensez à du carbone si parfaitement ordonné qu’il devient la matière naturelle la plus dure au monde (10 sur l’échelle de Mohs). Il paraît froid au toucher (excellente conductivité thermique), mais ne conduit pas l’électricité — sauf s’il contient du bore.
Formes cristallines : souvent des octaèdres.
Densité : ± 3,52 g/cm³.
Conductivité thermique : extrêmement élevée → d’où la sensation de fraîcheur.
Petite nuance : le diamant résiste très bien aux rayures, mais il peut cliver (selon les plans {111}). Un bon choc au mauvais endroit et… crac.
Pourquoi ça brille autant ?
Parce que la lumière y “rebondit” à tout va :
Indice de réfraction ~2,42 → forte réflexion (brillance).
Dispersion ~0,044 → le fameux “feu” coloré.
Isotrope : pas de pléochroïsme — la lumière se comporte partout de la même manière.
Fluorescence : parfois bleue sous UV (de nulle à très marquée).
Chimie :
le diamant résiste aux acides/bases usuels, mais avec suffisamment de chaleur en oxygène pur, le carbone brûle en CO/COâ‚‚. Et oui : à la surface de la Terre, le diamant est métastable (le graphite est thermodynamiquement “préféré”), mais en pratique il reste diamant.
Couleur — d’où vient-elle ?
Incolore (D–F) : presque pas d’impuretés.
Jaune/brun : azote ou déformations du réseau.
Bleu : bore (Type IIb) → conduit légèrement l’électricité.
Rose/rouge : déformation plastique (très rare).
Vert : irradiation (naturelle ou artificielle).
Noir : plein d’inclusions ou structures de macles.
Les “fancy colors” (couleurs naturelles intenses) ont leur propre échelle : Fancy Light → Fancy Vivid/Deep. Autre sport que D–Z.
Comment le diamant se forme-t-il ?
Bien en profondeur : ± 140–200 km sous les vieux continents (craton), là où pression & température sont suffisantes. Beaucoup de diamants ont 1–3 milliards d’années. Le carbone peut venir du manteau ou avoir été entraîné vers le bas par subduction.
Comment remonte-t-il ?
Avec la kimberlite ou la lamproïte — des conduits volcaniques ultra-rapides qui transportent la roche jusqu’en surface.
Minerai primaire : cheminées de kimberlite.
Secondaire : par érosion, dans les rivières et dépôts côtiers (placers).
Il existe aussi des diamants “ultra-profonds” (zone de transition 410–660 km) avec des inclusions rares — pur “nerdporn” de géologie.
Naturel, synthétique, traité et sosies
Naturel : formé dans le manteau ; des inclusions (grenats, sulfures) trahissent l’origine.
Synthétique (lab-grown) :
HPHT : haute pression/haute température, peut induire certaines couleurs/caractéristiques.
CVD : croissance couche par couche depuis un plasma de carbone, souvent très pur.
Utilisé en joaillerie et en haute technologie (outils de coupe, plaques de dissipation, centres NV quantiques…).
Traité :
Correction de couleur HPHT, irradiation + recuisson, remplissage de fissures (sensible à la chaleur/chimie).
Simulants (pas du diamant) :
Moissanite (SiC) : dure, très “feu” ; les testeurs thermiques se laissent parfois tromper, d’où les testeurs combinés (aussi électriques).
CZ (oxyde de zirconium), verre, spinelle/saphir synthétiques : densité/indice de réfraction/dureté différents.
Les quatre C (et ce C qu’on oublie toujours)
Carat (ct) : 1 ct = 0,20 g. Le prix par carat n’augmente pas linéairement ; seuils “magiques” (0,50 / 1,00 / 1,50 / 2,00 ct…).
Cut (taille) : détermine brillance, feu, scintillation. Le brillant rond (57/58 facettes) est roi ; les formes “fancy” (ovale, coussin, émeraude, poire…) sont parfois moins chères au ct. Surveiller % de table, % de profondeur, angles, symétrie, polissage.
Clarity (pureté) : FL/IF → VVS → VS → SI → I. Comptent non seulement la nature des inclusions, mais aussi leur emplacement. Remplissages/perçages laser ? À savoir.
Color (couleur) : D → Z pour incolore à jaune/brun léger. Les fancy ont leur propre échelle. La fluorescence peut parfois aider (bleu léger sur teinte jaunâtre) ou rendre la pierre laiteuse : à juger pierre par pierre.
Certificate (5e C) : demander GIA, HRD Antwerp ou IGI, de préférence avec gravure laser. Le rapport précise naturel/synthétique, traité/non traité et le type (Ia, Ib, IIa, IIb).
Origine & éthique (soyons sérieux)
Il existe le Processus de Kimberley contre les “diamants de conflit” — utile, mais imparfait. D’où des efforts de traçabilité accrus (chain-of-custody, blockchain).
Synthétique vs naturel : impact des deux côtés ; l’essentiel est la transparence (énergie, eau, conditions de travail).
Anvers reste un centre mondial du commerce et de l’expertise.
Comment savoir s’il est “vrai” ?
Testeur thermique : repère le diamant, mais la moissanite peut tromper.
Testeur combiné : mesure aussi la conductivité électrique → mieux.
Loupe/microscope (×10) : inclusions, arêtes de facettes, motifs de croissance, “hearts & arrows”.
Réaction UV : fluorescence ? Intensité, couleur ?
Spectroscopie (IR/UV-Vis/Raman) : pour déterminer type et traitements.
Mesures & pesée : vérifier carat, % de profondeur, % de table.
Un doute ? Envoyez au labo et liez-le à un certificat.
Entretien (pour qu’il reste étincelant)
Nettoyage : eau tiède + savon doux + brosse souple. Bien rincer, sécher en tamponnant.
Ultrasons/vapeur : à éviter sur pierres remplies de fissures ou revêtues.
À éviter : chlore/eau de Javel, chocs, frottements avec d’autres bijoux.
Rangement : séparé, dans une pochette/compartiment doux.
Contrôle : faire vérifier régulièrement la monture (griffes).
Marché & prix — où va votre argent ?
Facteurs : 4C + certificat + offre/demande.
Formes : le rond = populaire = souvent plus cher au ct ; les fancy donnent parfois plus de pierre pour le prix.
Fluorescence : légère peut aider, très forte peut rendre la pierre laiteuse. Vraiment : à évaluer pierre par pierre.
Paires/sets : boucles d’oreilles ? Assortir couleur, taille et jeu de lumière → possible prime.
Acheter futé — la checklist express de comptoir
Que voulez-vous ? Un incolore qui claque, une fancy color, ou une pièce impactante à budget raisonnable ?
Certificat : GIA/HRD/IGI avec gravure laser — toujours.
La taille d’abord : pour l’incolore, c’est souvent le plus gros facteur “wow”.
Bons compromis : p. ex. couleur G–H et pureté VS–SI pour un excellent rendu/prix.
Traitements/origine : faites-le préciser explicitement.
Comparer en lumière du jour : côte à côte, éclairage honnête.
Monture & entretien : choisissez solide pour un usage quotidien, contrôles réguliers.
Les classiques (FAQ)
« Le diamant est indestructible, non ? »
Non. Très dur contre les rayures, mais il peut casser par clivage.
« Voit-on le synthétique à l’œil nu ? »
Non, pas de façon fiable. Il faut des tests ou un rapport de labo.
« Le diamant perd-il son éclat ? »
Pas la pierre elle-même — ce sont les graisses/saletés dessus. Un lavage et c’est reparti.
« Dois-je l’assurer ? »
Oui, surtout s’il est de valeur. Conservez facture + certificat et mettez la valeur à jour périodiquement.
En une phrase
Le diamant est du carbone ultra-ordonné né dans le manteau, dureté 10, IR ~2,42 et un “feu” spectaculaire ; sa couleur vient de l’azote/du bore/des défauts, sa valeur des 4C + certificat, et qu’il soit naturel, synthétique ou traité — misez sur la transparence, un bon entretien et du bon sens à l’achat.
